Δευτέρα 4 Φεβρουαρίου 2013

« Les portes Closes » de Costas Montis : un regard sur l’Histoire










« Les portes Closes » de Costas Montis : un regard sur l’Histoire

Isabelle Cervellin-Chevalier


Parmi les textes qu’offre la littérature chypriote moderne, nombreux sont les écrits qui ont pour thème l’histoire récente de Chypre. L’œuvre de Costas Montis, tant poétique que romanesque, en est un parfait exemple. Son roman « Les Portes Closes » écrit et édité en 1964, parvient à mêler l’histoire dans la littérature en entraînant son lecteur dans la vie quotidienne d'une famille victime et actrice du conflit.
Bien entendu, ce roman qui porte, sur la page de titre, la mention : « réponse aux Citrons acides de Lawrence Durrell », ne peut pas être étudié en dehors du contexte spécifique historique, politique et idéologique dont il est le résultat comme l’ont déjà montré de nombreux articles
[1].
En effet, les « Citrons acides » ont été écrits en 1957 par l’homme qui fut directeur de l’Office Public d’Information pour le gouvernement colonial anglais à Chypre. Et, bien que cet Anglo-irlandais se définisse lui-même comme un amoureux de Chypre et un philhellène, son livre s’ouvre sur la phrase suivante : « ceci n’est pas un livre politique, mais simplement une étude impressionniste de l’humeur et de l’atmosphère de Chypre durant les années troubles 1953-56 ». Pour A. Konstantinidis, Durrell « est victime de la propagande anglaise et reste un étranger face à notre peuple et à son combat, (…) il s’exprime avec le ton caractéristique du Britannique qui croit en la supériorité de sa race ».[2]
Répliquant à ce roman anglais, Rodis Roufos publie en 1960 « The Age of bronze » un roman en anglais parce que, précise-t-il
[3] : « un autre livre était nécessaire pour combler les manques, pour donner le point de vue grec ». A travers ce roman, Roufos donne directement à Durrell son avis sur les « Citrons acides » qu’il paraphrase en « Sour Grapes » (Raisins Amers). En plus de l’allusion à la fable d’Esope, le Renard et la cigogne, il y fait référence à un article de Socrates Evangelides paru dans le Times magasine de Chypre en 1957 sous le titre : « Sour Grapes not Bitter Lemons », et dans lequel l’auteur critiquait déjà l’œuvre de Durrell. Mais cette nouvelle publication en anglais ne parviendra pas à donner le change, notamment parce que Roufos était en poste à Nicosie comme consul grec de 1954 à 1956. Rodis Roufos exprime plutôt l’idéologie de la classe aisée, et pour reprendre les termes de Dimitri Ravtopoulos[4] « il évite soigneusement d’offenser la position du gouvernement grec face au problème chypriote, le montrant bien entendu fermement opposé aux Américains et à Londres ». Rodis Roufos est « en dehors de la réalité ».
Si Durrell se fait l’écho de la position colonialiste, Roufos peut alors être taxé d’anticolonialisme, ou du moins d’un certain manque d’objectivité, étant donné son appartenance au milieu conservateur grec, et parce qu’en tant que diplomate, il représentait son gouvernement à l'époque des événements.
Costas Montis propose un troisième volet à ce triptyque du Combat de l’E.O.K.A. Avec son roman : « Les portes closes », sa réponse à Durrell, il devient la « voix de l’île », celle des citoyens de Chypre.
Désireux de prendre du recul par rapport aux faits, l’auteur choisit un narrateur adolescent, au sortir de l’enfance. C’est donc à travers le regard d’un jeune homme qui s’éveille à la vie, plus tout à fait innocent, mais encore pur et candide que Montis va expliquer au lecteur la réalité d’une situation politique qui dégénère en lutte armée sur fond d’idéologie. Le jeune narrateur découvre le monde des adultes, comme dans un cauchemar où les êtres changent tout à coup de visage. Il perd ses repères, les adultes se comportent comme des enfants tandis que ce sont les enfants qui se voient investis de responsabilités qui les plongent de plein fouet dans un monde dangereux où l’ennemi arrête, torture, condamne et tue. Mais la candeur n’est qu’apparente et, très vite, narrateur et auteur se confondent, ce qui permet à Montis d’intervenir directement et personnellement dans le cours du récit à de nombreuses reprises, et de poser les questions essentielles. Le texte, écrit à la première personne, permet à l’auteur d’évincer sans difficulté le narrateur pour s’adresser au lecteur directement, pour l’interpeller, le prendre à parti, et le rallier à sa cause.
Dès qu’éclate le conflit, tout devient grave, il n’y a que les joies qui restent enfantines au milieu de situations désespérées[5]. Mais, dans ce quotidien dramatique, il n’oublie pas les situations grotesques, les détails dérisoires qui font la réalité qu’il appelle « les petits moments »[6].
Tout comme Karyotakis, Montis utilise le sarcasme et l’ironie dont « l’art est de nous faire frôler l'horreur sans qu'on s'en aperçoive (…) Le lecteur étourdi par le style pur perd ses repères et l'auteur impose sa prose, véritable poésie de l'amertume et de la désillusion »
[7].
Peu à peu, tout au long du récit, le lecteur assiste véritablement à l’éveil de la conscience de ce jeune homme qui restera malgré tout en retrait par rapport au monde des adultes qui refuse de le laisser entrer, lui refusant d’intégrer les rangs de l’E.O.K.A.
Le jeune homme reste un spectateur actif, un témoin et surtout un survivant.
Il découvre soudain le décalage qu’il y a entre l’histoire qu’il a apprise à l’école et l’Histoire que plus rien ne peut arrêter. Il y a les héros dont on connaît les exploits à travers l’histoire, il y a la révolution française et même Gavroche auquel est comparé le premier mort des journées d’octobre 1931, jusqu’à ce que la réalité vienne remplacer la fiction. Confronté à la mort, le narrateur avoue ne plus souffrir la comparaison avec qui que ce soit
[8].
Pourtant, Montis ne s’attarde pas sur la cruauté des Anglais, peut-être par pudeur ou tout simplement parce que ce n’est pas là que réside l’essentiel. Il raconte le quotidien presque banal d’une famille chypriote moyenne prise dans la tourmente de l’histoire. Il ne décrit les tortures que lorsque le récit le justifie. Il mentionne les mesures répressives et la délation de l’homme à la cagoule pour argumenter son point de vue dans le débat qu’il veut engager avec Durrell par écrit interposé. Comme les Anglais, Durrell qualifiaient de « terroristes » les combattants chypriotes. Montis répond à cela en laissant le terme terroriste entre parenthèses chaque fois qu’il l’utilise, et il s’attache à montrer que ce n’est que par les combats armés que les Britanniques ont été contraints de prendre en compte l’autodétermination des Chypriotes[9].
D’ailleurs, si la population était contre les combats, comme le prétendaient les Anglais, pourquoi fallait-il imposer des mesures répressives contre les civils
[10] ?

La question que pose Montis à Durrell et à la postérité est la suivante : Qui sont les véritables terroristes ? Qui a véritablement imposé la terreur à la population ?
Il rapporte certes les tortures, les arrestations et les exécutions qui sont le terrible lot de toutes les guerres, mais aussi les interrogatoires et les actions musclées des commandos :
« À travers toute l’île, écrit-il, (plus particulièrement dans les villages où les journalistes étrangers ne voyaient rien) les bérets rouges et les commandos torturaient, tuaient et dynamitaient les maisons. (…) « Les femmes, ils les déshabillaient et les promenaient devant les subsidiaires Turcs...»
Les subsidiaires turcs sont un autre aspect sur lequelMontis veut mettre l’accent : la responsabilité politique des Anglais dans les relations avec les Turcs. Il écrit : « les Anglais mirent en place en parallèle des forces de soutien composées de Turcs qu'ils fanatisèrent (et ils savent bien provoquer – vous le constaterez dans d’autres circonstances - ils savent bien pousser au fanatisme), les « troupes subsidiaires » comme on les appelait. »
Et, plus loin : « j’aurais dû commencer à parler des Turcs, de toute cette foule que les Anglais, dans leur désarroi, avaient entraînée à incendier, à massacrer et à piller… »
[11]

Et si la Grande Bretagne a une part de responsabilité indéniable dans la détérioration des relations entre les deux communautés, ce qui affecte tout particulièrement Costas Montis, l’Angleterre n’en est pas moins responsable de condamner une génération à « voir filer sa jeunesse en emprisonnant les jeunes chez eux » pour des raisons politiques telles que la nécessité d’avoir une base stratégique en mer Méditerranée.
Mais l’auteur/narrateur ne se départit jamais de son humour poétique, surtout lorsqu’il aborde un sujet grave, et il demande au lecteur :
(Existe-t-il un conte qui raconte l’histoire d’une vieille sorcière qui avait vieilli soudainement et qui avait soudain couvert de rides (de ses propres rides) et des années durant les maisons, les arbres (à toi les rides de mon visage) et les Hommes (à toi les rides de mon cœur) ?).
Ces raisons politiques permettent d’ailleurs à Costas Montis d’extrapoler et de situer les débats bien au-delà du combat de l’E.O.K.A. Ce combat pour l’Indépendance qui a lieu dans les années 55-59 s’inscrit dans une vague d’émancipation des colonies qui va débuter dès le début des années 60 et qui va toucher tous les Empires coloniaux partout dans le monde. Lorsque Montis s’interroge sur la réaction des Anglais face aux premières bombes,[12] il sait bien que l’Empire pense à Malte, à Hong-Kong, à Gibraltar et à Singapour .
L’Histoire est en marche dans le monde et, à Chypre, elle ne s’arrêtera pas avec la fin des combats contre les Anglais. A travers les Portes closes, Chypre écrit son propre destin. L’île se positionne face au reste du monde. Longtemps bercés par l’Enosis et le désir de rejoindre la mère patrie : la Grèce, les Chypriotes comprennent qu’ils sont seuls face à leur combat[13].
La Grèce elle-même ne comprend plus et, pour signifier la distance qui est en train de se mettre toute seule entre la mère patrie : la Grèce, et le désir d’une Chypre indépendante, le narrateur des Portes closes prend ses distances avec Venizélos en ces termes : « nous nous sommes mis à le haïr (oui oui, à le haïr. C’est ridicule mais c’était ainsi) parce qu’en d’autres temps, en d’autres circonstances il avait été un ami inconditionnel des Anglais, il avait fait de la Grèce leur amie immuable. Mon père se mit à le haïr, ma mère se mit à le haïr, et nous, les jeunes, nous nous mîmes à le haïr aussi (encore plus nous, les jeunes). La maison l’abandonna et nous n’avons jamais reparlé de lui. »
A l’image du narrateur, le combat a fait mûrir les hommes et une certaine idée d’Emancipation. L’Histoire a dépassé l’homme, l’enjeu n’est plus national mais international. L’histoire de chacun se noie dans une Histoire commune. C’est la raison pour laquelle l’histoire personnelle apparaît dans le récit de Montis comme une parenthèse. Comme des séries de parenthèses, d’ailleurs extrêmement nombreuses dans le texte, et dans lesquelles l’auteur s’adresse au lecteur comme il le ferait oralement[14] : (N’ayez pas peur de la double parenthèse, écrit-il, Que sont deux parenthèses dans toute une vie ?). (…) il faut mentionner dans une parenthèse pour ceux qui ne savent pas (des parenthèses ? Sans dessus dessous. Que tout le reste rentre dans la parenthèse, et que seuls les sourires restent à l’extérieur)…
Montis créé avec son lecteur un lien personnel profond qui se forge sur le sentiment, la douleur, la peine universelle. Il en appelle à l’humanité de son lecteur pour lui faire partager de façon encore plus intime l’incommensurable horreur humaine que peut être une Lutte armée, la torture, la disparition et la perte des siens. Mais tout cela entre parenthèses comme par dérision, avec humour parfois[15], avec ménagement et détachement, avec un vrai recul par rapport au drame. L’important est ailleurs. L’important est le sens qu’il faut donner à tout cela pour pouvoir se reconstruire et vivre avec.
Le cadre du roman étant véritablement historique, certains événements clef sont cités avec une rigueur quasi journalistique, avec des indications précises, les événements d’octobre, l’arrivée du caïque, les premières bombes, le Jugement de Koutalianos, le premier tract du commandant Dighénis… Pour le reste, à la manière de Victor Hugo, il s’agit de « Peindre des choses vraies par des personnages de fiction »[16] En vertu de quoi, les personnages historiques, s’il y en a, sont traités comme des personnages de fiction : déshistorisés, ils ont un statut romanesque comme n’importe quel autre personnage. Il s’agit de déplacer l’Histoire vers le roman, d’inscrire la matière historique dans le cadre romanesque. Le nom de Rodis Roufos par exemple n’est jamais cité, bien qu’on le voie apparaître dans le texte comme le Consul devant lequel les jeunes Grecs de Chypre défilent tous les 25 mars et les 28 octobre en bombant le torse, le Consul qui est comme un « autre battement de cœur », celui qui bat pour la Grèce et pour l’Enosis.
Montis ne cite pas non plus le nom de John Harding que son public ne connaît que trop bien. Il lui suffit de parler du gouverneur « aux lèvres serrées (avec ces lèvres anglaises qui ferment hermétiquement pour que ne s’y engouffre pas le froid qui guette) » son public sait. Il n’a pas besoin de s’adresser à Durrell lui-même auquel il pose de temps en temps des questions à travers un vouvoiement qui le renvoie à sa place d’Anglais parmi les Anglais.
Il ne traduit pas non plus en grec, dans son texte, les expressions anglaises qui sont gravées dans la mémoire de chaque Chypriote et qui se passent de tout commentaire, comme des souvenirs d’anciens combattants.
Avec ces « Portes Closes », Montis fait œuvre de mémoire pour rétablir ce qui est sa vérité, une vérité qu’il ponctue des souvenirs qu’il partage avec tous les Chypriotes qui ont vécu ces années de Lutte. Le sens moral du devoir qui l’anime accentue la véracité de certains faits et replace continuellement le récit dans son cadre historique par l’intermédiaire de ruptures nettes dans le récit telles que : « Je me dois de préciser
Je me sens obligé… Il me faut avouer…J’aurais dû le dire dès le début…
Ce texte est une trace écrite nécessaire à la construction d'un passé commun, de ce ciment culturel, historique et social qui permet le développement de la conscience politique commune, le sentiment d'être les enfants d'une patrie. Cette histoire moderne s’inscrit directement dans une histoire plus ancienne qui puise ses racines dans l’antiquité.
Et pour Montis, le passé est grec, bien entendu puisqu’il a, pour reprendre les termes d’A. Argyriou : « la conscience d’appartenir à une langue, une culture et une histoire riche, glorieuse et universelle »
[17].
Cette hellénicité, que Kostas Vassiliou définie comme « notre différence spécifique par rapport aux autres peuples, est précisément ce qui dépasse les trois dimensions du temps, l'hier, l'aujourd'hui et le demain, et demeure inaltéré dans le temps... »
[18].
L’histoire est grecque, les drapeaux pour lesquels les combattants sont prêts à mourir sont grecs, l’hymne national que chantent les condamnés à morts est l’hymne national grec, mais Chypre n’est pas seulement grecque, elle a son histoire propre, une histoire dans laquelle se mêlent les héros des contes hérités de Byzance, les légendes purement chypriotes transmises par les grand-mères, Dighénis, le héros des poèmes akritiques, mais aussi un univers mythique dans lequel coexistent l’Hadès de l’antiquité, les églises byzantines et la religion orthodoxe avec ses saints, ses icônes miraculeuses et ses monastères. Chypre apparaît dans toute la complexité de ce qu’elle est, une île au passé tourmenté par les nombreuses invasions auxquelles elle a eu à faire face et qui lui ont laissé des murailles vénitiennes et des quartiers francs, des moucharabiehs turcs et des livres de lectures anglais. Dans cet étrange mélange de cultures, rien d’étonnant à ce qu’un héros moderne qui porte le nom d’un héros byzantin qui lutta contre Charon s’oppose aux Anglais.
Pour Costas Montis, les Chypriotes sont les descendants du coureur du Marathon et des combattants des Thermopyles, les cellules mycéniennes survivent en eux comme le souvenir des légendes des Néréides. Leurs ennemis ont quelque chose des Perses de Darius et de Xerxès et les Anglais regardent les écoliers d’une école de Nicosie du haut des murs au dessus du fossé de la ville de Troie. Les grand-mères content les légendes byzantines, et le souvenir de Constantinople est si fort qu’on le retrouve dans l’évocation des châtiments des rayas du temps passé, tandis que la prononciation chypriote est, nous dit-on dans le texte, elle-même héritée de Byzance. Les Chypriotes ont grandi avec les héros de la guerre d’Indépendance de la Grèce : Kolokotronis, Diakos, Papaflessas, les combats de Messolongui et de Maniaki, les guerres balkaniques et la chute de Bizani, mais aussi Venizélos, la Grande Idée et le désir de l’Enosis.
Pourtant, les êtres vivants et le temps semblent céder devant les faits historiques. Le temps devient possibilité d’oubli, maturité, le temps s’est mis en marche d’une façon différente, hors de sa course habituelle.
Avec ce combat moderne, Chypre assume son passé et sa complexité. Désormais libérée de la souveraineté britannique, et émancipée de son attachement filial à la Grèce, Chypre peut s’affirmer face au reste du monde en tant que nation.
Les portes closes sont celles de la mémoire qui s'est refermée sur la douleur, la souffrance et la mort. Elles sont, à l'image des portes des centres de détention derrière lesquelles les prisonniers des Anglais étaient enfermés, devant lesquelles les familles attendaient comme pour une fête sans joie, un moment hors du temps qui occupe toutes les pensées, une tragédie. Elles sont les portes de Nicosie qui peuvent se fermer à tout moment sur ordre des Anglais, sans pitié, séparant les époux de leur femme malade, les mères de leurs enfants. Elles sont les portes des maisons auxquelles les soldats viennent frapper en pleine nuit de couvre feu pour arracher à la famille un fils soupçonné de complot. Elles sont les portes qui sépareront à tout jamais le passé de ce qu'il y aura après. Elles sont un passage, un palier dans la chronologie de l'île de Chypre et de chacun de ses habitants. Les portes sont fermées en signe de deuil. L'histoire des « Portes Closes » trouve sa place dans le cours d'une Histoire sans rupture depuis l'antiquité. Le message de Costas Montis est clair : pour comprendre l'histoire il faut l'envisager dans une continuité, et pour comprendre le présent il faut connaître l'Histoire[19].
Les Portes sont closes comme pour préserver ce qui est désormais devenu une affaire privée. Lorsque Montis écrit son roman, Chypre est devenue un état indépendant. Même si ce livre, comme l’a dit Montis lui-même, « est frustrant, il ouvre les yeux et intrigue ».
Si les faits passés permettent de comprendre le présent, ils permettent aussi d’envisager l’avenir sur la base des enseignements qui résultent de leur analyse.
Au-delà des faits que l’Histoire aura à analyser, Montis exprime le traumatisme commun de tous les hommes et de toutes les femmes qui ont vécu le combat, non pas comme une lutte idéologique, mais comme un drame personnel.
[1] David Roessel, « Rodis Roufos on bitter lemons : A suppressed section of « The Age of Bronze » in Deus Loci, Poetry and fiction, pp. 129-133.
Λεύκιος Ζαφειρίου, Κ.Μόντη “ Κλειςτές Πόρτες” – απάντηση στα “ Πικρολέμονα” του Ντάρρελ, in “Λέξη”, σελ. 436-443, Ιουλ. Αυγ., 1999 ; Θεοδώρα Παυλίδου, “ Ξινά σταφύλια και πικρά λεμόνια”, Ο Φιλελεύθερος, Λευκοσία, 1994.
[2] Α. Κωνσταντινίδης, « Ο κυπριακός αγώνας στην λογοτεχνία», Κυπριακά Χρονικά, τχ. 6 (avril 1961) 240/241. Voir Λεφτέρης Παπαλεοντίου « Στοχαστικές προσαρμογές», εκ. Γαβριηλίδης., Athènes 1999.
[3] « another book was needed to fill the gaps, to give the greek view » in « Sour Grapes », in Deus Loci : The Lawrence Durrell Journal, n°3, (1994), pp. 134-138.
[4] Δημίτρης Ραυτόπουλος, Επιθεόρηση τέχνης, τχ. 77 (mai 1961) 505.508.
[5] Montis pose d’ailleurs la question plusieurs fois dans son texte : « où commencent et où terminent les jeunes années ? ».
[6] comme les cerfs-volants, ou le petit âne qui erre dans les rues avec sur le dos une réponse au Gouverneur.
[7] Christine Koziura : « Eros et Thanatos : Le matricule des anges », avril 1994 n0 6
[8] Il déclare : « Nous avions beaucoup d'enthousiasme (…) nous n’étions pas encore prêts pour des morts (…) Les morts ne sont pas faciles à admettre lorsqu’il n’y en a pas eu depuis des siècles.
(…) Toutes les histoires de guerres que l'on a pu lire s’arrangent pour énumérer rapidement ce qu'elles comptent de jambes coupées, d'œil de verre, de lamentations (…) et l’inacceptable trou au milieu du front de l’enfant blond ».
[9] David Roessel, “Rodis Roufos on bitter lemons : A suppressed section of « The Age of Bronze »” in Deus Loci, Poetry and fiction, pp. 129-133.
[10] Idem.
« les Anglais, écrit Montis, se réjouissaient (exactement « ils se réjouissaient ») de l’angoisse de la foule (…) Ils proféraient des insultes, ils frappaient avec leurs crosses, donnaient des coups de pieds avec leurs rangers, pointaient indistinctement leurs baïonnettes, tiraient sur ceux qui tentaient de passer par le fossé, peu importe que ce soit des femmes ou des enfants »
[11] Une histoire se mettait en marche, dont personne ne savait jusqu’où elle irait, dont personne ne savait qui et quand il faudrait payer pour elle (qui en Grèce, qui en Turquie, qui en Angleterre, qui peut-être dans le monde entier. Je vous le dis, il faut chercher le responsable. Il faut chercher le responsable parce que nous avions vécu des centaines d’années avec ces hommes-là. Mais ce n’étaient pas ceux qui nous voyions alors. Qui les avait changé, qui avait choisi cette racaille ? Savait-il avec quel feu il jouait ?). (…) Pendant longtemps, l’Organisation recommanda autocontrôle et patience (« Ne laissez pas les Anglais gagner au jeu de la division ») mais, à la fin, elle n’y parvint plus et la guerre civile éclata. (…) Parmi ceux que l’on croisait dans la rue, on ne savait pas qui était Grec et qui était Turc, (…) On essayait de deviner la nationalité, de loin, de déduire des intentions. »
[12] en ces termes : « Peut-être que leurs Services de Renseignements l’avaient qualifiée de sérieuse, peut-être que le climat international qui régnait et que les conséquences que cela pourrait avoir sur d’autres régions les avaient obligés à la prendre au sérieux et à y prendre garde »
[13] « encore eut-il fallut qu’il exista « une opinion publique », dit le narrateur, qu’il exista des Européens et des Américains. A vrai dire, ces « opinions publiques », ces Européens, tout comme les Américains, l’ONU, la Commission des Droits de l’Homme, les émissaires de la Croix Rouge, le Parti Travailliste et nos « amis », nous nous sommes lassés de tout, nous nous sommes lassés d’eux. Laissez-nous tranquilles) ».
[14] « Il faut dire entre parenthèses que les fautes les plus graves sont commises lorsque l’on décide de « prendre garde » ou encore : Les parenthèses (vous ont-elles fatigués ?), plus loin :
[15] (vous ai-je embrouillé ? je vous ai lassé ?)
[16] Hugo lettre à l’éditeur Lacroix, 1868, CFL, XIV, p. 1254.
[17] Astérios Argyriou, « Tomo en honora a Alexis Eudald Sola », Filopatris, p. 516.
[18] Kostas Vassiliou « Points de vue sur la grécité », simio 2, Nicosie 1993-1994 p. 62
[19] Dans cette lutte de l’E.O.K.A., le narrateur confie au lecteur : « nous étions en parfait accord avec la première cellule Mycénienne qui tressaillait en nous, avec le reliquat d’une histoire vieille de quatre mille ans ». 

Γ' συνέδριο της Ευρωπαϊκής Εταιρείας Νεοελληνικών Σπουδών
Θέμα: Ο ελληνικός κόσμος ανάμεσα στην εποχή του Διαφωτισμού και στον εικοστό αιώνα
Η Ευρωπαϊκή Εταιρεία Νεοελληνικών Σπουδών σε συνεργασία με το Ινστιτούτο Σπουδών Ν-Α Ευρώπης της Ρουμανικής Ακαδημίας, το Πανεπιστήμιο του Βουκουρεστίου (Σχολή Ιστορίας) και τη Ρουμανική Εταιρεία Νεοελληνικών Σπουδών πραγματοποίησε το Γ' πανευρωπαϊκό συνέδριο νεοελληνικών σπουδών στο Βουκουρέστι από τις 2 ως τις 4 Ιουνίου 2006.